Publié le : 21/06/23

Les professionnels de Santé qui ne « jurent » que par l’Intérim

En France, depuis quelques années, une tendance croissante a été observée auprès des professionnels de Santé qui privilégient les missions courtes en intérim. Cela soulève des questions sur la continuité des soins et la stabilité des équipes médicales. Dans ce contexte, la loi Rist vise à plafonner les rémunérations des médecins remplaçants, pour soutenir les budgets des hôpitaux. 

Quelles sont les motivations du personnel médical et paramédical qui opte pour l’intérim ? Quels sont les effets sur les services de Santé ? 

 

La loi Rist 

Intérim médical : Une loi pour plafonner le salaire des médecins intérimaires

Le texte de loi Rist a pour objectif d’améliorer le système de Santé en élargissant les missions des personnels paramédicaux. Il permet, par exemple, aux sage-femmes de prescrire des arrêts de travail de plus de 15 jours. Elles peuvent, à présent, effectuer des dépistages d’infections sexuellement transmissibles. La loi met également en place la plateforme en ligne « Mon Parcours Handicap » pour simplifier les démarches administratives des personnes en situation de handicap. 

Cependant, l’article 33 de cette loi suscite des préoccupations en raison du plafonnement des rémunérations des médecins remplaçants des hôpitaux. En effet, avec un montant à 1.390 euros pour une garde de 24 heures, les médecins pourraient déserter les centres hospitaliers, d’après le porte-parole du Syndicat National des Médecins des Hôpitaux. Il existe des inquiétudes quant à son impact sur les professionnels de la Santé intérimaires.

 

Le choix préférentiel de l’intérim parmi les professionnels de santé 

Les conséquences de la loi Rist sur l’intérim médical (article 33).

Depuis l’application de la loi Rist du 03 avril 2023, de nombreux services hospitaliers, y compris les urgences, maternités et pédiatries, ont fermé en raison du plafonnement de cette loi sur l’intérim médical. La pénurie de personnel médical a contraint certains services à réduire leurs activités, voire à fermer des lits ou des services, entraînant ainsi une réduction de l’offre de soins dans certaines régions. 

Le ministre de la Santé François Braun affirme que des solutions sont mises en place pour assurer la prise en charge des urgences graves, même si cela peut impliquer des déplacements plus longs pour les patients qui seraient dans des situations moins urgentes. 

Un choix de carrière motivé par plusieurs facteurs

De plus en plus de professionnels de la Santé choisissent de travailler en tant qu’intérimaires plutôt que de s’engager dans un emploi à temps plein en CDI ou en tant que fonctionnaires. 

Le phénomène, bien connu dans le milieu des médecins, au point d’être régulé par un plafonnement des rémunérations (loi Rist), s’est propagé auprès des professionnels paramédicaux : majoritairement Aides-Soignants ou Infirmiers, mais aussi Agents de Service Hospitalier (ASH). 

Ce choix de carrière est motivé par plusieurs facteurs, notamment le désir d’un choix de vie plus flexible et d’éviter les contraintes associées aux emplois stables au sein des structures de santé, que ce soit dans les hôpitaux publics ou en EHPAD. 

Une tendance renforcée par la crise sanitaire

 La crise sanitaire du Covid-19 a accentué ce phénomène, sur des besoins en personnel qui étaient déjà en tension dans les établissements de Santé. Depuis, ils ont considérablement augmenté. Les postes vacants, les démissions et les congés maladie se sont multipliés, ce qui a créé une demande croissante de travailleurs intérimaires. Certains professionnels de Santé estiment également que les équipes permanentes sont souvent tendues, fatiguées et sous pression en raison du manque de personnel. 

Les avantages et inconvénients de l’intérim pour les soignants

 Travailler en intérim offre aux soignants l’opportunité d’acquérir de l’expérience dans différents environnements de travail et de gérer leur emploi du temps selon leurs préférences. L’atout majeur de ce type de contrat est qu’il offre une flexibilité précieuse en termes d’emploi du temps. Les professionnels de Santé peuvent choisir les horaires qui leur conviennent et avoir la possibilité de prendre des congés et des jours de repos selon leurs besoins personnels.  

Cependant, les missions en intérim comportent également des contraintes, notamment le manque de liens avec les collègues et les patients, la nécessité de s’adapter régulièrement à un nouvel environnement et une nouvelle organisation, la méconnaissance de certains automatismes internes, ainsi que la nécessité de choisir des missions adaptées aux compétences et capacités des soignants. 

Pour quelle rémunération ?

En termes de rémunération, les intérimaires des métiers paramédicaux sont généralement rémunérés selon la même grille tarifaire que leurs homologues permanents ; mais ils bénéficient de primes en fin de contrat (la prime dite de « précarité » et les indemnités de congés payés). Les revenus peuvent varier en fonction de la structure et de la localisation des missions, mais aussi au regard de l’ancienneté professionnelle. Le travail de nuit est évidemment mieux rémunéré, et les frais kilométriques sont pris en charge. 

Quelles perspectives pour les professionnels de Santé intérimaires ?

 Certains professionnels de la Santé prévoient de continuer à travailler en intérim, tandis que d’autres envisagent d’exercer en libéral ou de prendre des postes intérimaires en CDI. La liberté et la flexibilité offertes par le travail intérimaire restent des motivations importantes pour ces soignants, bien que certains reconnaissent les avantages d’un emploi plus stable, tels qu’un salaire fixe, des congés payés, et une vie d’équipe avec plus de lien social. 

 En conclusion, on constate que la question de rester en intérim plutôt que d’opter pour un statut à long terme en CDI est de plus en plus posée parmi les professionnels de Santé. Cette tendance a été accentuée par la crise sanitaire et la demande croissante de personnels. Les établissements de Santé font face à des postes vacants, des démissions et des besoins en personnel en forte augmentation. 

Pour de nombreux soignants, l’intérim offre une plus grande flexibilité, la possibilité d’acquérir de l’expérience dans différentes structures et une meilleure gestion de leur emploi du temps. Bien que la liberté soit leur principale motivation, les rémunérations complétées de primes viennent compenser la précarité du statut intérimaire.